Les Roquefeuil et la
Légende de Saint Guiral

 
 

Il était une fois... au XIème siècle, la famille Roquefeuil,
d'après les premiers textes connus, possédait un château
situé à côté du rocher de Saint Guiral et étendait son comté
depuis Meyrueis au nord, Nant à l'ouest, Campestre au sud,
Aulas à l'est. Ils régnèrent sur la région pendant six siècles.
Outre leurs possessions terriennes, abbayes, châteaux, ils
donnèrent à l'église un évêque à Nimes et deux abbés à
l'abbaye de Saint Guilhem le Désert. Dès le XIIème siècle;
une chapellenie en l'église Saint Hilaire, peut-être un château
au Caladon et le monastère de Notre Dame du Bonheur à
Camprieu. "La montagne de Roquefeuil" commença à
changer de nom toponymique vers 1774, pour s'appeler
Saint Guiral.
C'est de cette famille qu'est née la Légende des trois
ermites, dont plusieurs versions existent; mais la plus
répandue et la plus cévenole, est que trois frères Roquefeuil :
Guiral, Loup et Alban amoureux d'Irène de Rogues,
partirent aux croisades sur ordre de la dite demoiselle; elle
épousera celui qui reviendra le plus couvert de lauriers. Le
temps passe et en absence de nouvelles, Irène meurt de
chagrin et c'est pendant les obsèques de cette dernière que
les trois frères revinrent. Désespérés, ils décident
d'épouser la vie ermitale. Chaque année ils allumeront un
feu la veille de la Saint Jean (tradition perpétuée encore de
nos jours le 23 juin) depuis leur ermitage situé sur les plus
hauts sommets de la région : Pic Saint Loup, Saint Guiral,
Saint Alban (sur la commune de Nant). Les années passent, un
feu disparaît, puis deux, puis trois...
Les trois ermites se sont rejoints dans l'au-delà et la
légende des saints et leur adoration viennent de
commencer. En haut viganais, le pélerinage le lundi de la
Pentecôte et la bénédiction protègent les troupeaux de la
maladie, activent l'abondance de l'eau pour les cultures et
la châtaigneraie (le châtaignier appelé "arbre à pain" car
nourricier de l'homme et de son bétail) et enfin aident le
mariage des filles, l'eau y étant miraculeuse.
Les ermitages abandonnés sont ensuite occupés par d'autres
dévots. Les deux derniers connus meurent l'un au Pic Saint Loup
vers 1910, l'autre à Saint Guiral vers 1860. Telle est la légende.


Arrivés au pied du Rocher de Saint Guiral, ne voyez pas des
ermites partout ni des chevaliers en armure, mais allez voir côté
sud ouest, les restes de la chapelle et de la cabane de l'ermite.