Pour réaliser cette
course, on devra monter au hameau de Saint-Georges
que l'on aperçoit d'Aumessas, perché comme un nid d'aigles, sur la
crête rocheuse de la montagne. L'ascension dure une heure et demi
environ, et pendant tout ce temps, on aura en face les magnifiques
cascades de l'Albagne.
La rivière qui les forme tombe du plateau à
Aumessas, par une série de chutes qui seraient merveilleuses si elles
ne disparaissaient en partie dans le couloir que les eaux ont creusé.
Au-dessus de Saint-Georges les arbres deviennent rares, l'ancien chemin
de Dourbies, que l'on doit suivre, n'est plus bordé que par les blocs
de granit. Tout à coup, un bois de chênes apparaît entourant une petite
clairière où quelques débris de pierres droites, disposées en ovale
allongé, semblent indiquer un cromlech (monument mégalithique formé de blocs dressés en cercle).
A une de ses extrémités se dresse l'antique construction que les siècles ont respectée, et que
les chrétiens n'ont pas songé à venir détruire sur ces escarpements
presque inaccessibles.
Sa destination ne saurait être douteuse, c'est bien l'autel druidique
formé de blocs de granit disposés en hémicycle et présentant un gradin
d'où le prêtre devait haranguer les fidèles avant ou après le sacrifice.
Ce gradin, au centre duquel se trouve une sorte de cuvette, est surmonté
d'un bloc placé à hauteur d'appui.
Dans ce bloc est aménagée une rigole, dont le bas correspond à la
cuvette. On sait que les gaulois, persuadés qu'aucune limite ne pouvait
renfermer la divinité, l'adoraient sous la voûte des cieux, dans les
profondeurs des forêts, prenant selon la belle expression de Tacite,
la nature pour sanctuaire. Or quel plus bel endroit pour sacrifier
à la divinité créatrice du monde, que ce rocher-autel, exposé au levant,
d'où l'on peut voit la mer et les Pyrénées ?
Les Druides n'avaient que quelques pas à faire pour cueillir sur les
arbres voisins, la plante sacrée, et l'autel est disposé de telle
façon qu'ils pouvaient recueillir le sang des victimes tout en interrogeant
les entrailles et en examinant le frémissement des chairs pour en
tirer des présages.
Autour de cette construction celtique se trouvent de nombreux vestiges
d'habitations. Au-dessous, on voit les traces d'un canal qui amenait
l'eau d'un torrent, en arrière, dans une masse rocheuse admirablement
placée pour servir de réduit en cas d'alarme, on remarque des trous
ménagés, de distance en distance où s'engageaient les poutres soutenant
le pont qu'il suffisait de détruire pour rendre cette citadelle inaccessible.
Ce point remarquable de nos Cévennes domine les vallées d'Aumessas
et d'Arrigas. A gauche se trouve le pic du Saint-Guiral où l'on se
rend en pèlerinage de toutes les communes voisines. Pour rejoindre
le village d'Aumessas l'on peut descendre à travers bois vers le hameau
de Peyraube, près duquel on a construit un préventorium destiné à
recevoir les enfants en bas-âge. D'Arrigas une route permettra de
regagner Aumessas